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European Heritage Days    11 September 2018

La pleurante d’Autreville

Dans le cadre d’un partenariat avec les Musées de Chaumont (Haute-Marne, France), la Fondation Gandur pour l’Art prête à long terme au Musée d’Art et d’Histoire de Chaumont un bas-relief du XIVe siècle, qui ornait à l’origine le soubassement d’un tombeau érigé dans l’église Saint-Pierre-ès-Liens d’Autreville.

Cette œuvre rejoint pour une durée de trois ans deux autres fragments issus du même tombeau, conservés au Musée d’Art et d’Histoire de Chaumont. Un quatrième fragment viendra compléter cet ensemble grâce à un prêt parallèle consenti par le Musée archéologique de Dijon.

Pleurante
2e tiers XIVe siècle
(vers 1330 — 1350)
Pierre calcaire, traces de polychromie
49.2 x 18.5 x 7.4 cm
FGA-AD-BA-0044

 

PROVENANCE
Église Saint-Pierre-ès-Liens, Autreville (Haute-Marne)
Collection G. Richard
Marc-Arthur Kohn, Monaco, 27 juillet 2011, lot n° 16

Vestige d’un luxueux tombeau gothique

Se tenant debout sous une arcature gothique polylobée, le personnage féminin figuré sur le relief de la Fondation Gandur pour l’Art porte un costume typique du second tiers du XIVe siècle : une longue robe souple, recouverte d’un manteau retenu par une bride, et une coiffe à mentonnière dissimulée par un voile. Sa main gauche retient l’un des plis de son manteau tandis que sa main droite se porte sur son cœur, en signe d’affliction. L’expression de cette tristesse, associée à la position du personnage sous une arcature, est typique des figures de « pleurants », qui, depuis le milieu du XIIIe siècle ornent les flancs du soubassement des tombeaux supportant des gisants. Ce type de tombeau s’est ensuite surtout développé au cours des XIVe et XVe siècle, avec des réalisations particulièrement spectaculaires pour les ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi (1381-1410), puis Jean sans Peur et Marguerite de Bavière (1443-1470), sous le ciseau de Claus Sluter, Claus de Werve, Jean de la Huerta et leurs collaborateurs (Dijon, musée des Beaux-Arts).

La réunion des quatre fragments de la Fondation Gandur pour l’Art et des musées de Chaumont et de Dijon permettra de reconstituer au total une frise de sept personnages, aux attitudes et aux costumes différenciés. Plutôt qu’un véritable cortège funéraire dont les femmes étaient généralement exclues, ceux-ci auraient représenté les membres de la famille du défunt, probablement un seigneur d’Autreville, de la famille de Châteauvillain. La polychromie encore nettement visible sur les reliefs atteste du luxe de ce monument funéraire.

Le partage des collections

Initié à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine 2018, dont l’édition est cette année consacrée à « l’art du partage », ce partenariat répond à deux des missions essentielles de la Fondation Gandur pour l’Art. Il assure le partage de ses collections en permettant à l’une de ses œuvres de rejoindre une institution publique à l’étranger. Il reflète aussi sa vocation patrimoniale en contribuant à la réunion de fragments d’un même monument, et en redonnant à chacun d’eux davantage de cohérence et de lisibilité le temps de cette présentation conjointe au Musée d’Art et d’Histoire de Chaumont.

 

 

 

Dr Fabienne Fravalo
Conservatrice collection arts décoratifs

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