L’exposition « Hervé Télémaque : 1959–1964 » explore les débuts de la carrière de l’artiste,  période agitée tant sur les plans créatif  qu’existentiel. En 1957, alors que François Duvalier arrive au pouvoir en Haïti et que l’expressionisme abstrait est en déclin, Télémaque quitte son Port-au-Prince natal pour s’installer à New York où il devient un peintre abstrait. Il découvre en Amérique  une société profondément ségréguée qui racialise son corps d’une façon jamais vécue auparavant en Haïti. Cette nouvelle réalité sociale difficile se reflète alors dans ses peintures abstraites jusqu’à questionner son désir de « non-référentialité » qui le pousse à revenir à une exploration de la vie quotidienne.

En 1961, Télémaque déménage à Paris, où il se rapproche de nombreux artistes surréalistes et d’Amérique latine, comme Wilfredo Lam. Jusqu’en 1962, son style évolue d’un langage gestuel abstrait à une abstraction « grotesque »  politisée. Durant cette période, Télémaque est proche de la figuration narrative et des figures comme Öyvind Fahlström et Bernard Rancillac, dont le but est de redynamiser la scène culturelle française en se détachant  de l’art abstrait informel dominant.

Au sein de ce parcours qui jette un nouveau regard sur les premières œuvres de Télémaque figure Portrait de famille (1962-1963), œuvre prêtée par la Fondation Gandur pour l’Art qui s’amuse à contrarier les valeurs bourgeoises.