Collections


Archéologie

Riche de plus de 1250 objets, la collection possède des bronzes égyptiens, grecs et romains de grande qualité et un ensemble d'amulettes composant l’une des plus riches collections au monde.

Idole féminine stéatopyge

L’homme de l’Antiquité évoluait dans un monde plein de dangers, gouverné par des dieux capricieux, à la fois bons et redoutables. C’est de cette inquiétude et des moyens de l’apaiser que témoigne l’essentiel des objets de la collection d’archéologie classique et proche-orientale. Ils nous viennent des civilisations grecque, italique, romaine et orientale, et des cultures environnantes.

 

La religion antique, fil rouge de la collection

La collection permet de comprendre les rapports qui unissaient les hommes et les dieux puisque l’on accède avec ces objets, à un monde céleste peuplé de dieux et de déesses. Ceux-ci constituaient le quotidien des Anciens – qu’ils soient grecs, étrusques, romains ou orientaux –, puisque pour eux, les dieux étaient partout.

Une collection qui reflète la diversité des dieux du monde antique

Apollon, Dionysos, les Castores, Zeus ou Poséidon : tantôt ce sont des dieux éphèbes, des kouroi, comme le buste de Dionysos Tauros (Alexandrie, IIe siècle avant n. è.) ou la statue en marbre du Dioscure du Cap d’Agde (IIe siècle de n. è.), tantôt ce sont des dieux patriarches, comme un Poséidon en bronze (Grèce, IIe siècle avant n. è.). On rencontre aussi la « Grande Déesse », cette divinité nourricière, déesse de la fécondité, protectrice des femmes et des enfants, dont les idoles stéatopyges sont des préfigurations, et qui s’appelle Aphrodite ou Vénus dans le monde classique, Astarté en Orient.

Des êtres charmants, certes, mais qui exigeaient continuellement des hommes prières, offrandes et nourriture sous forme de fumées d’animaux sacrifiés.

Statuette d'Aphrodite attachant son collier
Ex-voto en forme de poisson

Des ex-votos, vestiges des rituels destinés à amadouer les dieux

Invoquer les dieux, espérer d’eux une protection ou un bienfait, les remercier, étaient des actes qui rythmaient la vie des Anciens. Les ex-votos (offrandes offertes aux dieux dans l’espoir d’une faveur ou en remerciement d’un bienfait) forment une importante partie de la collection et datent principalement d’une période comprise entre le VIIe siècle avant n. è. et le IVe siècle de n. è. Ainsi par exemple, un poisson de bronze offert par un équipage à Apollon, en souvenir d’une pêche miraculeuse… Des patères d’argent, de bronze, grecques, romaines ou orientales évoquent les libations destinées aux dieux.

Les animaux, intermédiaires privilégiés entre les hommes et les dieux

Le sacrifice d’un animal était, dans l’Antiquité, le moyen idéal de mettre en œuvre cet échange de services entre les hommes et les dieux, principe de réciprocité que les Romains résumaient par la formule do ut des (« je donne pour que tu donnes »).

Béliers, chèvres, taureaux, chevaux ou lions : c’est quelques-uns des animaux de la collection qui étaient les intermédiaires privilégiés entre les dieux et les hommes, sous la forme d’ex-votos de bronze ou en terre cuite, ou encore de coquillages gravés, comme un Tridachne phénicien (VIIe siècle avant n. è.) ou un Pecten en argent (IIe siècle avant n. è.). De nombreuses amulettes protectrices, en pierres chatoyantes, évoquent les pouvoirs bienfaisants que les Anciens leur attribuaient.

Coquillage gravé
Relief au dieu Mithra Taurochtone

La collection, un reflet de l’évolution des religions antiques sur la longue durée

Sur la longue durée et sur des territoires aussi vastes que l’empire d’Alexandre, ou l’Empire romain, les dieux ont pu évoluer, en s’assimilant, en se superposant ou encore en se métissant : ces pratiques reflètent la capacité des religions païennes à accepter et à intégrer l’autre, voire à recréer des dieux nouveaux, et non à en détruire les cultes. Il y a aussi les dieux nouveaux-venus de l’Empire, comme Mithra (sur un relief romain du IIe siècle de n. è.) et ceux qui font de la résistance : Zeus Andreas (sur un relief dédicatoire anatolien, IIIe siècle de n. è.), qui témoigne, sous une forme modernisée, de la survivance de vieux cultes agraires locaux, ayant résisté à l’arrivée des dieux de l’Empire romain.

C’est de ces pratiques d’acculturation, d’assimilation et de syncrétisme que rendent compte de nombreux objets de la collection.

De prestigieux prédécesseurs

Plusieurs des objets de la collection ont appartenu à des personnalités célèbres, tous collectionneurs passionnés : Heinrich Schliemann, Émile Zola, Firmin Didot, ou encore Henri de Montherlant sont quelques-uns de ces collectionneurs dans la filiation desquels la Fondation Gandur pour l’Art est fière de s’inscrire.

Dr Isabelle Tassignon
Conservatrice des collections archéologie et ethnologie

La collection d’archéologie égyptienne, riche de plus de 630 œuvres, se veut un témoignage éloquent de l’une des civilisations les plus fascinantes du monde antique. Témoignage de son extraordinaire longévité tout d’abord, puisque des objets datant du IVe millénaire avant J.-C. côtoient des pièces représentant toutes les époques successives, jusqu’à la domination du pays par l’Empire de Rome.

Palette à fard en forme d'autruche
Jarre prédynastique polie rouge à bord noir

Les profondeurs de la préhistoire

L’art du IVe millénaire av. J.-C. est notamment représenté par une jarre céramique prédynastique (Nagada II, env. 3650-3300 avant J.-C.) rouge à bord noir, aux formes tant épurées qu’elle nous semble presque contemporaine. Découverte lors de fouilles archéologiques il y a plus d’un siècle, sur le site d’el-Amra en Haute-Égype, elle témoigne de l’émergence de cette civilisation sur les bords du Nil, il y a plus de 5,500 ans, tout comme une palette à fard en forme d’oiseau – sans doute une autruche très stylisée – ou des figurines humaines sculptées dans l’ivoire.

Stèle fausse porte de Hénout

La grandeur de l’Ancien Empire

L’Ancien Empire (env. 2650-2135 avant J.-C.), premier grand point d’orgue de l’Égypte ancienne, marqué par la construction des monumentaux tombeaux royaux en forme de pyramide, est reflété par la présence de vaisselles en pierre d’un raffinement exquis, ainsi que par des reliefs délicats, dont la stèle dite ‘fausse-porte’, réalisée pour une dame de la haute société de la 6e dynastie qui vivait sans doute à Memphis : Hénout, prêtresse d’Hathor. Son âme devait, en quelque sorte, pouvoir passer cette porte afin de se rassasier d’offrandes déposée à son intention dans sa chapelle funéraire.

La beauté du Moyen Empire 

Un modèle de porteuse d’offrandes en bois peint polychrome témoigne des indéniables qualités des artistes du Moyen Empire (env. 1994-1781 avant J.-C.), âge d’or de la littérature et des arts de cette civilisation alors déjà millénaire. Vêtue d’une robe blanche échancrée, cette femme se tient debout dans une posture hiératique, mais néanmoins élégante, maintenant d’une main le panier qu’elle porte sur sa tête.

Modèle de porteuse d’offrandes
Buste de Ramsès II

La gloire du Nouvel Empire

Plus tard encore, après les règnes des puissants rois conquérants de la 18e dynastie, qui marque le début du Nouvel Empire (env. 1550-1075 avant J.-C.), le pharaon Rasmsès II occupe le trône du « Double Pays » pour une durée sans égal. Son effigie est reproduite sur nombre de monuments et une grande quantité de colosses et statues de pierre, comme en témoigne le buste du roi mis au jour à Héracléopolis Magna par l’archéologue suisse Édouard Naville, lors de fouilles en 1890-1891.

L’art de la Basse Époque 

Enfin, la Basse-Époque (664-332 avant J.-C.) période durant laquelle l’Égypte est de plus en plus confrontée à d’autres empires, et à plusieurs reprises envahie, est représentée dans les collections de la Fondation par une superbe sélection de figurines et statuettes en bronze, souvent d’une facture irréprochable. Véritables œuvres d’art, elles témoignent de la parfaite maîtrise des technologies métallurgiques mises au point et développées sur les rives du Nil au cours des siècles. Des inscriptions et détails sont souvent réhaussés d’or, comme sur une effigie du dieu Ptah debout sur une estrade et devant lequel sont agenouillés deux personnages, l’un présentant un vase hes, l’autre une table d’offrandes.

Statuette de Ptah et offrants
Relief inscrit avec le nom d’Alexandre le Grand transcrit en Hiéroglyphe égyptiens.

Hellénisme, Rome : crépuscule de l’Égypte ancienne

L’invasion d’Alexandre le Grand en 332 avant J.-C. marque l’arrivée sur le trône d’une famille venue de Macédoine : la dynastie des Ptolémées et de leurs reines, les Cléopâtre, Bérénice, et autres Arsinoe. A la chute de la célèbre Cléopâtre VII (30 avant J.-C.), l’Égypte tombe dans l’escarcelle de l’Empire romain, bien que cela ne marque pas la fin de cette civilisation. Sa religion et ses écritures sont maintenus jusqu’au IVe siècle après J.-C., avant que le Christianisme ne s’impose, lui-même en grande partie remplacé par la religion musulmane au VIIe siècle après J.-C.

Amulette représentant le dieu Shou
Figurine funéraire de Âa-Oupouaout

La religion égyptienne, un thème emblématique 

Mais la collection réunie au sein de la Fondation Gandur pour l’Art ne se veut pas qu’un simple survol historique. D’autres thèmes prédominants sont abordés, tels que la religion et le rituel. Les multiples figurines en bronze, à l’effigie des dieux, sont un élément visible des cultes officiels, rendus quotidiennement dans les temples du royaume. Nombres d’amulettes semblent témoigner d’un lien plus intime entre le peuple d’Égypte et les dieux. Dans un foisonnement de couleurs, de matériaux, et de formes, elles furent portées autour du cou dans la vie quotidienne, alors que d’autres ont servi à protéger les défunts dans l’au-delà, glissées dans les bandelettes de leur momie. Les oushebtis, ou figurines funéraires, servaient quant à elles un rôle spécifique : elles devaient travailler à la place du défunt pour l’éternité, et portent à cet effet, le plus souvent, leur nom peint ou inscrit sur leur corps.

Notre déontologie

En tant que membre de l’ICOM, la Fondation Gandur pour l’Art souscrit aux normes relatives à l’obligation de diligence en matière d’acquisition de biens culturels.

Dr Xavier Droux
Conservateur de la collection archéologie