Art contemporain africain et de la diaspora
La collection art contemporain africain et de la diaspora rassemble plus de 420 œuvres produites par des artistes qui entretiennent des liens forts avec le continent africain et son histoire, dans la pluralité qui les caractérise, du Maghreb à l’Afrique australe.
Les œuvres de la collection abordent aussi bien des sujets historiques et sociaux que des questions formelles. Les artistes usent également de formes hybrides et attestent d’une recherche approfondie dans la mise en œuvre d’un renouvellement des codes de la figuration et de l’abstraction. La collection offre plusieurs ensembles composés de peintures, d’œuvres textiles, de sculptures et de photographies.
Les œuvres présentent une vision du monde lucide, parfois avec humour et dérision, et souvent avec un sens critique fort. Des qualités qui traduisent une attention particulière à la fois au passé colonial, aux enjeux présents qui en découlent et aux potentielles dynamiques futures. Bien qu’abordant ces questions par une pluralité de moyens, les artistes témoignent d’une nouvelle impulsion et développent des outils qui déroutent les codes narratifs et visuels à l’œuvre dans un monde de l’art globalisé.
Au cœur de la collection : penser les identités
L’histoire de la colonisation suivie par celle des indépendances est une histoire d’échanges, de porosité entre les cultures, de rapports de force, de déplacement des personnes et de violences. Asservissement, esclavage et départs forcés pour certaines, voyages et missions pour d’autres, l’histoire des périodes moderne et contemporaine est ainsi une histoire de la migration. Parmi les questionnements qui animent aussi bien la production artistique que théorique des artistes présents dans la collection, les mouvements inhérents au concept d’identité – dans une transformation du regard sur l’histoire coloniale et migratoire – s’affirment comme problématiques fondamentales. Comment les identités sont-elles remises en question par la globalisation ? Comment imaginer une nouvelle conception des êtres en dehors de la nationalité, de l’ethnicité, de la race – entendue comme construction sociale – du genre ?
Un questionnement multiple qui occupe particulièrement les travaux d’Athi-Patra Ruga (Afrique du Sud), de Godfried Donkor (Royaume-Uni/Ghana), de Richard Butler-Bowdon (Afrique du Sud/Australie) ou encore de Yinka Shonibare (Royaume-Uni/Nigeria).
Un retournement du regard
Les concepts d’authenticité et d’altérité qui ont défini durant de nombreuses années le regard sur la création africaine sont largement questionnés au sein des œuvres de la collection.
Conscients et conscientes de ce regard en biais porté par l’Occident, les artistes dont les œuvres sont présentées en révèlent le trait, le détournent et livrent à leur tour un regard critique et distancé d’une vision obsolète de l’Afrique. S’inscrivant dans un monde globalisé qui hérite de ce passé colonial, les œuvres commentent les comportements individuels et collectifs ; les artistes créent des personnages déchus, masqués, combatifs ou en quête de reconnaissance. Mohamed Saïd Chair (Maroc) et Collin Sekajugo (Ouganda) exposent ainsi les dérives d’un système, tandis que Mary Sibande (Afrique du Sud) met en scène la résilience au cœur de l’histoire de certaines populations.
Des matériaux hétérogènes
La collection comprend des œuvres au sein desquelles la créativité cite occasionnellement la tradition artisanale locale et s’approprie les outils de l’art globalisé. La production de plusieurs artistes se caractérise par l’utilisation de matériaux issus de la récupération, usant du collage, de la juxtaposition ou de supports fragiles. Ainsi, Armand Boua (Côte d’Ivoire/États-Unis), Gonçalo Mabunda (Mozambique) ou Kirubel Melke (Éthiopie) utilisent des matériaux qui entrent en adéquation avec les sujets qu’ils abordent.
Olivia Fahmy
Conservatrice collection art contemporain africain et de la diaspora
