L'exposition associe des figures établies, voire canoniques, à des artistes qui n'ont pas encore reçu la reconnaissance que leur travail mérite. La Fondation Gandur pour l’Art concoure à cette réhabilitation par le prêt de deux œuvres de Jack Youngerman peintes, à Paris, en 1954. Abstraite et géométrique, Map et Composition White on Black, témoignent de l’influence qu’exerça le constructivisme ambiant sur le jeune étudiant à l’école des Beaux-Arts où il se lia d’amitié avec César et Ellsworth Kelly.

Alors que la scène artistique américaine était dominée par la montée de l'expressionnisme abstrait, les Américains travaillant à Paris expérimentaient toute une série de stratégies formelles et diverses approches de l'abstraction et de la figuration. Vivre et travailler à Paris leur a permis de s'interroger sur ce que signifiait être un artiste américain au milieu du siècle dernier. Pour certains, Paris promettait une société moins contrainte par le racisme et les structures de pouvoir excluantes du monde de l'art new-yorkais.

Les artistes américains ont également été confrontés à des tensions nationalistes, les critiques français cherchant à maintenir la prééminence artistique de Paris. En 1962, année qui conclut l'exposition, nombreux sont ceux qui estiment que l'atmosphère autrefois stimulante s'est affaiblie. Cette même année, l'Algérie obtient son indépendance au terme d’une lutte acharnée. Dans ce climat post-insurrectionnel, de nombreux artistes Américains ont choisi de retourner aux Etats-Unis où le mouvement des droits civiques battait son plein et, en particulier, à New York où les possibilités d'exposition étaient plus nombreuses. D'autres choisirent au contraire de se fixer durablement à l’étranger, à l’instar de Joan Mitchell. Quel que soit la durée du séjour, la rencontre des artistes américain avec les artistes, les collectionneurs, les critiques et les galeristes français, ont eu un impact significatif sur le développement de l'art américain d'après-guerre.