Chaque période, composée de réévaluations, de ruptures, de recompositions et de techniques différentes, forme un ensemble très cohérent. Les séries ont une logique interne au travail de l'artiste et marquent les différentes époques de sa biographie personnelle, de ses rencontres, de son rapport à l'actualité et, plus largement, à l'histoire.

Le rouge de toutes les couleurs et de toutes les nuances imprègne la peinture de Gérard Fromanger à tel point que Jacques Prévert a imaginé, comme le bleu Klein, un rouge Fromanger.

L'œuvre de Gérard Fromanger est celle d'un grand explorateur du monde qui l'entoure, en sympathie permanente avec l'esthétique flâneuse de Walter Benjamin, et même avec les dérives de Guy Debord.

Sur le plan historique, l'œuvre de l'artiste converge avec le Pop Art, affichant sa préférence pour les couleurs franches et non modulées, mais elle est aussi en constante révolte contre toute forme catégorique de convention artistique. Ses conversions à diverses pratiques l'ont amené à rester constamment ouvert à de nouvelles idées. Son exploration de tous les thèmes traditionnels de la peinture – portrait, nu, paysage, mythologie, peinture d'histoire – le place dans le continuum de l'histoire de l'art, mais sa forme, dépourvue de tout symbolisme, implique en même temps une rupture. L'œuvre de Fromanger est celle de la tension entre le figurable, le représentable (corps, paysages, villes, etc.), et ce qui résiste : l'irreprésentable, l'incertain, avec ses élans de peinture abstraite.