Fondation Marguerite et Aimé Maeght, Saint-Paul de Vence (FR) 2 juillet 2022 - 23 octobre 2022
Au cœur de l'abstractionCollection de la Fondation Gandur pour l'Art
La Fondation Maeght dévoile du 2 juillet au 23 octobre 100 œuvres de la Fondation Gandur pour l’Art et propose une immersion passionnante dans l’abstraction des années 1950 à 1980. Pensé chronologiquement, le parcours conçu par Yan Schubert, conservateur de la collection beaux-arts de la Fondation Gandur pour l’Art, permet d’appréhender quatre décennies de création durant lesquelles les artistes repensent les fondements mêmes de la peinture, imaginant de nouvelles formes d’expression. Articulée en neuf sections thématiques, l’exposition Au cœur de l’abstraction. Collection de la Fondation Gandur pour l'Art montre l’évolution de l’art non-figuratif et de ses différentes tendances, des années 1950 à la fin des années 1980.
Commissariat : Yan Schubert
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, alors que nombre d'artistes européens exilés aux États-Unis reprennent le chemin de la France, Paris reprend sa place de capitale culturelle mondiale. Une soif de liberté vissée au corps ainsi qu’un besoin impérieux de repenser la peinture après les années de guerre, des artistes du monde entier retrouvent leurs ateliers et participent à une période d’effervescence créatrice, qu’elle soit artistique, littéraire ou cinématographique. Si les brèches ouvertes par les avant-gardes de la première moitié du XXe siècle restent un ferment important après-guerre, l'art abstrait se renouvelle, de l’expression la plus gestuelle aux questionnements sur la matière, les supports et les techniques.
Les œuvres présentées à la Fondation Maeght mettent en lumière les différentes formes que revêt l’abstraction durant ces années de création. Les recherches sans cesse renouvelées de Hans Hartung, de Martin Barré, de Simon Hantaï ou de Pierre Soulages, pour n’en citer que quelques-uns, permettent de montrer l’évolution de l’art non-figuratif sur quatre décennies. À travers un parcours thématique et chronologique, l’exposition propose ainsi de découvrir l’abstraction lyrique et gestuelle de Georges Mathieu, l’expressionnisme abstrait de Sam Francis ou de Joan Mitchell, l’abstraction géométrique de Victor Vasarely, les œuvres cinétiques d’Alexander Calder et de Jean Tinguely, jusqu’à la remise en question de la peinture par le groupe Supports/Surfaces. Les années 1980 s’ouvrent sur une période de renouvellement de l’art abstrait, poursuivant les expérimentations intenses des années précédentes.
FONDATION MAEGHT
623 Chemin des Gardettes
06570 Saint-Paul de Vence, France
Tarifs
Tarif plein : 16 €
Tarif réduit : 11 € (enfants de 10 à 18 ans, étudiants, presse, guides conférenciers, demandeurs d’emploi)
Gratuit : enfants de moins de 10 ans, personnes en situation de handicap et membres de la Société des Amis
Plus de détails sur le site Internet de la Fondation Maeght
Horaires
Tous les jours :
10h-19h (juillet-août)
10h-18h (pour le reste de l’année)
Présentation
Dialogues
Ernest Briggs, Hans Hartung, Georges Mathieu, Jean Paul Riopelle, Gérard Schneider
En réponse aux traumatismes causés par la Seconde Guerre mondiale, les artistes remettent en question leur manière de peindre et de représenter le monde, au retour de la paix. À Paris, redevenue capitale mondiale de l’art, deux tendances majeures se démarquent alors : l’abstraction géométrique d’une part, héritage de Piet Mondrian et de Kasimir Malevitch, et l’abstraction lyrique d’autre part, emmenée par le peintre Georges Mathieu. En 1951, il organise avec le critique d’art Michel Tapié l’exposition Véhémences confrontées, un des premiers dialogues entre des artistes non-figuratifs européens et nord-américains.
Peintures
Pierre Soulages
Souvent associé aux peintres gestuels, Pierre Soulages s’en distancie toutefois et place davantage son attention sur l’« incarnation picturale » du geste que sur le geste lui-même. Dès le milieu des années 1940, il expérimente et sonde sans relâche la couleur noire et la luminosité qu’elle contient, jouant des contrastes et des percées lumineuses. Il développe des outils et des procédés pour travailler la matière qui donnent à son travail un rythme et une profondeur caractéristiques.
Échanges
Arman, Martin Barré, Sam Francis, Joan Mitchell, Judit Reigl, Alfons Schilling, Jack Youngerman
Après-guerre, de nombreux peintres nord-américains séjournent ou s’installent à Paris, participant à une période d’effervescence artistique accompagnée de l’ouverture de nombreuses galeries. Des artistes venus de toute l’Europe rejoignent également la capitale et prennent part à l’émulation et au dialogue que permettent les salons et les expositions.
Tendances géométriques
Pol Bury, Alexander Calder, Jo Delahaut, Auguste Herbin, Ray Parker, Serge Poliakoff, Jean Tinguely, Victor Vasarely
Si l’abstraction lyrique ou gestuelle représente pour beaucoup d’artistes un moyen de se libérer de la réalité, la géométrie est pour d’autres une manière encore plus radicale de l’approcher. La matière, les formes et les couleurs constituent autant d’éléments de ce langage. Angles ou courbes divisent cependant au sein des différents courants.
Expérimentations
Alberto Burri, Pol Bury, César, Lucio Fontana, Raymond Hains, Piero Manzoni, Henri Michaux, Manuel Rivera, Mimmo Rotella, Salvatore Scarpitta, Jean Tinguely, Emilio Vedova
Pour certains, le recours à l’abstraction ne suffit pas. Ils cherchent à dépasser la peinture traditionnelle. Au-delà du geste, ils questionnent aussi les formes d’expression et les techniques employées. Pour cela, ils utilisent des matériaux de récupération et détournent de leurs usages des outils de toutes sortes.
Arman, Christo, Jean Dubuffet, Francisco Farreras, Luis Feito, Simon Hantaï, Conrad Marca-Relli, Georges Noël, Antoni Tàpies, Léon Zack
Certains artistes font de l’expérimentation sur la matière un sujet prédominant de leur travail. Rejetant les matériaux nobles, ils se tournent vers des matériaux pauvres – qu’ils soient végétaux, minéraux ou industriels. Ils les mélangent, les agrègent, les détournent, et questionnent par leur démarche les capacités expressives de la matière.
Épurements
Martin Barré, Pol Bury, Jean Degottex, Gottfried Honegger, François Morellet, Aurelie Nemours, Jules Olitski, Joel Shapiro
Cherchant à réduire jusqu’à l’épurement la trace de leur intervention, certains artistes recourent à des bombes aérosol ou à des outils de pulvérisation, éliminant ainsi tout contact avec la toile, tandis que les tenants de l’art concret revendiquent un langage plastique hors de toute référence à la réalité du monde extérieur.
Supports/Surfaces
André-Pierre Arnal, Vincent Bioulès, Marc Devade, Daniel Dezeuze, Noël Dolla, Simon Hantaï, Bernard Pagès, Jean-Pierre Pincemin, Patrick Saytour, André Valensi, Claude Viallat
Au tournant des années 1970, les artistes du groupe Supports/Surfaces questionnent à leur tour la peinture et ses procédés en déconstruisant la notion même du tableau. L’accent est donc mis sur le travail autour de la matérialité de l’œuvre mais aussi de sa composition, de son format, de sa reproduction sérielle ou encore de son inscription dans un espace libre de toute contrainte muséale. Souvent dissociée de son châssis, la toile est tantôt pliée, froissée, et même parfois cousue ou brûlée.
Renouvellements
Jean Degottex, Hans Hartung, Pierre Soulages
Pour certains artistes dont l’œuvre s’étend sur plusieurs décennies, la recherche picturale se poursuit dans les années 1970 et 1980 par l’introduction de nouvelles techniques et l’invention de nouveaux procédés. Ainsi, Hans Hartung, Pierre Soulages et Jean Degottex renouvellent sans cesse leur travail et accèdent à de nouveaux moyens d’expression.
Œuvres à la loupe
février 2022 Beaux-arts
Dépasser la forme statique : Méta-Herbin de Jean Tinguely
Première œuvre de Jean Tinguely à rejoindre les collections de la Fondation Gandur pour l’Art en 2010, Méta-Herbin de 1955 (fig. 1) est une pièce représentative du travail précurseur de l’artiste. Présentée à la galerie Denise René lors de l’exposition Le Mouvement inaugurée en avril 1955, l’œuvre éclaire le début des créations « méta-mécaniques » pensées par l’artiste suisse. Par sa composition, elle constitue un hommage à l’avant-garde abstraite du début du XXe siècle. L’artiste reprend en effet les formes appartenant au vocabulaire pictural d’Auguste Herbin (fig. 2), pionnier de l’abstraction géométrique, pour dépasser l’état statique de la peinture et travailler sur le mouvement, thématique chère à Tinguely et qu’il développera tout au long de sa vie.
Avec ses œuvres cinétiques, Tinguely, qui rejoindra le groupe des nouveaux réalistes en 1960, devient une figure majeure de l’art de la seconde moitié du XXe siècle. À la fois inventeur et bricoleur, il a su développer un univers mécanique et poétique assemblé à partir de matériaux de récupération auxquels il redonne vie grâce à ses œuvres mobiles.
mars 2019 Beaux-arts
Untitled de Joan Mitchell
Pour admirer Untitled de Joan Mitchell, l’amateur devra se rendre à Landerneau, dans le Finistère. Un long voyage pour certains, mais récompensé par un autre prêt important de la Fondation Gandur pour l’Art : Robert le diabolique de Jean-Paul Riopelle. Les deux œuvres sont actuellement exposées au Fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la culture qui présente, jusqu’au 22 avril, une ambitieuse exposition intitulée Mitchell - Riopelle, un couple dans la démesure.
mars 2017 Beaux-arts
57-50-B de Martin Barré
Mis à l’honneur par le Centre Pompidou qui lui consacrera une rétrospective dès novembre 2018, Martin Barré (Nantes, 1924 – Paris, 1993) est l’un des artistes français les plus singuliers de l’art abstrait d’après-guerre. Il n’a cessé d’interroger la peinture et ses limites en mettant progressivement en place, dès 1954, un style très personnel qui vise, selon ses propres termes, à une « réduction-concentration ». Son art qui tend à l’épure – par réduction de l’objet, de la matière, de la couleur, de la forme et du geste – lui vaudra a posteriori d’être désigné comme l’un des précurseurs de l’art minimal en France.
Publication
juin 2022 Catalogue d'exposition