CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux, Bordeaux (FR) 20 juin 2019 - 22 mars 2020
Histoire de l'art cherche personnages...
Le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux s’associe à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême et son musée, ainsi qu’à la Fondation Gandur pour l’Art afin de présenter une importante exposition collective à partir de leurs fonds respectifs. Intitulée Histoire de l’art cherche personnages…, cette exposition rassemble une centaine d’œuvres autour de ce qui peut définir l’être humain : de sa figuration à sa condition, en tant qu’individu confronté à son environnement, à son histoire et à autrui.
Commissariat : Alice Motard avec Anne Cadenet et François Poisay (CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux) ; Anne Hélène Hoog (Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, Angoulême) et Yan Schubert (Fondation Gandur pour l’Art, Genève)
Des œuvres majeures de la Fondation Gandur pour l’Art issues de la figuration narrative (des peintures des années 1960-70 de Gilles Aillaud, Erró, Gérard Fromanger ou encore Jacques Monory) côtoient ainsi des œuvres originales (planches, romans graphiques mais aussi installations) d’auteurs, de scénaristes, de dessinateurs contemporains, complétées par des œuvres choisies de la collection du CAPC, le tout dans un parcours thématique à la scénographie originale, empruntant son vocabulaire formel au roman visuel de Martin Vaughn-James La Cage.
Une première aile de l’exposition thématise, de manière formelle, la question de ses modes de représentation et d’existence. De sa présence en creux à sa disparition en passant par son devenir animal, son incomplétude et sa prolifération, il s’agit d’une quête : celle de la figure humaine.
L’autre aile de l’exposition, plus narrative, se caractérise quant à elle par une quête de sens ou plutôt de ce qui « fait sens » pour l’homme. Comment envisage-t-il son existence (matérielle, morale, sociale), comment gère-t-il son rapport aux autres ou à lui-même (ses « démons ») ? Comment l’histoire individuelle, la petite histoire, rejoint-elle la grande ?
Les enjeux de ce projet commun seront, entre autres, d’interroger les changements majeurs et les accomplissements survenus dans les arts figuratifs depuis la fin des années 1960. Comment les auteurs repensent-ils la question de la narration ou celle de la critique sociale et politique ? Comment investissent-ils un champ du réel, cette « précieuse mouvance de la vie » dont parlait le critique d’art Gérald Gassiot-Talabot, que les bouleversements sociaux, économiques, géopolitiques et technologiques ont profondément transformée ?
CAPC MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN DE BORDEAUX (FR)
7 Rue Ferrere, 33000 Bordeaux
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Tarifs
Entrée du musée : 7€
Tarif réduit : 4€
Entrée gratuite le premier dimanche de chaque mois (sauf juillet et août)
Horaires
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Fermeture tardive les mercredi jusqu'à 20h
Fermé les lundis et jours fériés
Le musée est ouvert les 14 juillet et 15 août de 11 h à 18 h.
Présentation
LISTE DES ARTISTES DE L'EXPOSITION
Absalon, Valerio Adami, Gilles Aillaud, Leonor Antunes, Eduardo Arroyo, David B., Christian Babou, Pierre Buraglio, Charles Burns, Cham, Pascal Convert, Hervé Di Rosa, Noël Dolla, Philippe Dupuy, Equipo Crónica, Equipo Realidad, Erró, Richard Fauguet, Chohreh Feyzdjou, André Franquin, Gérard Fromanger, Jochen Gerner, Claude Gilli, Marcel Gotlieb, Emmanuel Guibert, Keith Haring, Noritoshi Hirakawa, On Kawara, Patrice Killoffer, Peter Klasen, les ready-made appartiennent à tout le monde®, Suehiro Maruo, Marc-Antoine Mathieu, Mario Merz, Pierre Molinier, Jacques Monory, Chantal Montellier, Bernard Pagès, Bernard Rancillac, Ruppert & Mulot, Claude Rutault, Joe Sacco, Johanna Schipper, Antonio Seguí, Richard Serra, Joann Sfar, Pierre Soulages, Art Spiegelman, Benjamin Swaim, Lewis Trondheim, Johannes Van der Beek, Martin Vaughn-James, Claude Viallat, Chris Ware, Willem, Winshluss, Raphaël Zarka
PLAN DE L'EXPOSITION
GALERIE FERRÈRE
1. Intrigue
Une affiche publicitaire, une peinture figurative, des télégrammes… trois œuvres qui n’ont rien en commun, ni leur auteur, ni leur posture, ni leur appartenance à un mouvement de l’histoire de l’art mais qui, chacune à sa manière, élaborent une fiction.
L’exposition Histoire de l’art cherche personnages… s'intéresse à un nouveau paradigme visant à explorer les modalités de représentation de la figure dans l’histoire de l’art à travers la peinture, la sculpture, la bande dessinée, la photographie, la vidéo, l’installation.
2. Silhouettes
Traces, empreintes, silhouettes : si la présence de l’être humain est évoquée en creux au détour de la bergère de Pascal Convert ou réduite à des figures chez Gérard Fromanger, le questionnement sur l’individu et son environnement est clairement posé. Au travers d’un meuble ou d’un espace urbain, ces deux artistes réfléchissent, chacun à sa manière, à l’homme et à sa place dans la société.
3. Animaux philosophes
Aux yeux de nombreux écrivains et d’artistes, les animaux sont plus que des ébauches de l’être humain dans l’histoire de l’évolution. Ils l’incarnent dans sa capacité la plus singulière : la réflexion. L’imaginaire artistique n’a cessé d’emprunter les masques animaliers pour parler de la société. Dans la bande dessinée comme dans les arts plastiques, on questionne souvent ainsi les rapports de la nature et de la culture.
4. Attente
Pour de nombreux artistes, l’art ne saurait jouer son rôle ni prendre tout son sens sans l’implication du spectateur. Il faut donc inviter celui qui regarde à réfléchir aussi à la manière dont il regarde. L’attente est donc au cœur de l’œuvre : attente de l’artiste, attente du sujet, attente du public…
5. La cage
Ils sont sept artistes – Gilles Aillaud, Leonor Antunes, Christian Babou, Claude Gilli, Bernard Pagès, Martin Vaughn-James et Claude Viallat – à se partager l’espace. Différents supports. Différentes matières. Œuvres qui divisent un lieu, parfois aux murs ou posées au sol aussi. Mais elles ont en commun une représentation, une forme reconnue : la grille, le grillage, la cage, l’entrelacs. Ce langage est utilisé par chacun des artistes comme un élément révélateur ou révélé. Une norme métamorphosée selon les principes de chacun d’entre eux.
6. Démultiplication
Si Killoffer et Ruppert & Mulot multiplient les espaces en s’affranchissant des codes qui traditionnellement structurent la bande dessinée, à savoir la case, Feyzdjou utilise la ligne pour séparer, délimiter, cadrer, structurer son récit. Pour tous, la part d’ombre de toute histoire, réelle ou fictive, est essentielle pour ne pas dire existentielle.
7. Dans le noir
Nul ne sait ce qui se trame dans le noir... Le noir est l’obscurité qui absorbe la lumière tel un présage funeste. Et pourtant, il demeure, pour nombre d’artistes, l’obsession d’une expérience chromatique inépuisable. Le noir reste inéluctablement un vaste continent dont la polysémie interroge nos peurs et exprime notre rapport au monde, aux choses et aux êtres.
GALERIE FOY
I. Privacy
À partir des années 1960, la représentation de l’espace privé, en opposition à l’espace public, traduit une transformation de la perception et du regard chez les artistes. Désormais soumises à une approche sociologique critique, les représentations de l’intimité et des espaces où elle peut s’exprimer prêtent aux corps et aux objets du quotidien une fonction révélatrice des malaises et des paradoxes de l’ère consumériste et matérialiste oppressante pour l’individu et ses désirs.
II-III. Home
La confrontation des espaces privés et publics s’accompagne aussi d’un regard critique des artistes sur la notion de foyer. Elle affiche la segmentation des vies familiales et sociales dans l’architecture urbaine. Représentant des lieux imaginaires, les artistes dénoncent surtout les phénomènes aliénants de juxtapositions, d’alignements, d’ordre et de classement, qui appellent l’emploi de formes géométriques et conduisent à des perceptions et des modes de vie uniformisés. Il en ressort des cadres multiples et rigides, au sein desquelles vies privées et individualités tentent de lutter pour s’épanouir.
IV-V. Trauma
L’opposition entre le monde parfait de l’intérieur des foyers et la barbarie dont l’homme est capable permet de réfléchir à ce qu’il peut faire, comme en témoigne le paysage de ruines de Johannes Van der Beek. Élément central, la guerre , et les traumatismes qu'elle engendre, est constitutive de la réflexion sur l’être humain et sa capacité de destruction, comme si la guerre était une extériorisation d’un conflit intérieur.
VI-VII. Blue Spill
Jacques Monory, c’est le bleu. La présentation de huit œuvres réalisées entre 1967 et 1975 permet une immersion dans un monde étrange et violent où la mort nous attend à chaque coup de pinceau comme une balle de revolver. Cette balle qui transperce la toile, le miroir et qui envoie à l’hôpital ou à la morgue.
VIII-IX. Les démons
Le mot « démon » renvoie autant à l’être démoniaque qui nous tourmente qu’aux angoisses et obsessions qui rongent l’Humanité et la font parfois sombrer dans les pires travers. On peut y voir une connotation malfaisante et néfaste mais chez les artistes qui ont été réunis autour de cette thématique, ces définitions varient avec les histoires qu’ils racontent. Il n’y est pas seulement question de crime, d’horreur ou de folie. Mais de la condition banale de l’être humain : peur, maladie, aliénation ou quête inaccessible de liberté. C’est le temps de ce passage, de ce basculement qui attise nos peurs et dévoile nos hantises. Celles que nous avons enfouies en nous-mêmes.
X. Le musée
La scénographie d’Histoire de l’art cherche personnages... emprunte son vocabulaire formel à La Cage de Martin Vaughn-James, roman visuel de 1975 sans récit apparent et sans personnage. Ainsi, dans l’exposition, chaque dispositif accueillant dessins, planches de bandes dessinées, ouvrages ou corps (le lutrin, le panneau d’affichage, le labyrinthe, la bibliothèque ou la pyramide) est pensé en référence à l’univers de cette singulière fiction narrative. L’univers muséal ainsi recréé est décati : il reprend les instabilités, les brèches et les taches des espaces architecturés au sein desquels les séquences étrangement inquiétantes et parfois apocalyptiques de La Cage se succèdent, page après page, dans des lieux qui semblent avoir un passé dont ils portent les stigmates tout comme le CAPC...
XI. Tabloïds
Inscrivant leurs œuvres au croisement de l’histoire et de l’histoire de l’art, nombre d’artistes et d’auteurs dotent leurs sujets d’une signification politique dans la forme comme dans le contenu. Ainsi, la culture de divertissement des années 1950 et 1960 transmet-elle des stéréotypes de la femme, des rapports sociaux ou de la morale que les artistes placent au cœur de leur panoplie visuelle critique.
XII. Cabinet de lecture
La bande dessinée est difficile à exposer : son récit et sa structure sont intimement liés au format livre, excepté pour certaines planches ou histoires courtes qui peuvent se lire sur quelques feuilles et ainsi être accrochées sur les murs.
C’est l’album, le livre qui fait œuvre. C’est cet objet que l’on tient dans les mains qui réunit le dessin et le récit. Exposer une seule planche mettra l’accent sur la pratique du dessinateur et moins sur l’histoire. Le récit en sera donc tronqué. Il faut tourner les pages pour avancer, découvrir ce que l’on ne peut voir en une seule fois pour aboutir au dénouement.
XIII. Cinéma
Mais qu’est-ce qui peut bien pousser les grands enfants que nous sommes à regarder des petits Mickeys s'agiter sur nos écrans ?
Les enfants ne sont plus dupes. Ils savent bien que le monde des grands est un ramassis de mensonges et que tout continuera ainsi. Ils vieilliront avec pour seule consolation, que s’il semble vain de le changer, il leur est encore permis d’en ricaner.
Œuvres à la loupe
juin 2019 Beaux-arts
Le Voyou de Gérard Fromanger
Le 19 juin 2019 s’ouvre au CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux une exposition intitulée Histoire de l’art cherche personnages… organisée conjointement par l’institution bordelaise, la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême et la Fondation Gandur pour l’Art. Elle donne prétexte à s’arrêter sur le travail de Gérard Fromanger qui y est présenté, et notamment sur son œuvre intitulée Le Voyou alors qu’un autre tableau de la même série, Paramount cinéma, illustre l’affiche de l’exposition.