Placée sous le commissariat de Lala de Diós et Esther Grau, la rétrospective Los hilos de la memória (Les fils de la mémoire) présente une sélection d'œuvres de Josep Grau-Garriga tissées entre 1972 et 1999. Le thème de la mémoire est au cœur du travail de l’artiste qui est, ici, exploré d'un point de vue à la fois personnel et collectif. Le dialogue entre le tangible et l'abstrait, le permanent et l'éphémère, se reflète dans les aspects symboliques et matériels de ses œuvres monumentales, soulignant l'innovation créative de l'artiste au sein de l'art textile contemporain.

L’œuvre prêtée par la Fondation Gandur pour l’Art s’intitule Hores de llum i de foscor. Son titre catalan, traduit en français par Les heures lumineuses et les heures sombres, renvoit à l’histoire personnelle de l’artiste, de son enfance heureuse jusqu’au déclenchement de la guerre d’Espagne (1936-1939). Symboliquement, le centre lumineux de la tapisserie évoque les années d’insouciance passées à gambader dans les cultures qui encerclaient le bourg de son village natal de San Cugat del Vallès. De ses escapades champêtres, l’artiste se remémore les sacs de moisson gorgés de céréales que l’on retrouve dans la tapisserie sous la forme de ballots effilochés, véritables cornes d’abondance d’où s’échappe le souvenir des heures lumineuses. En revanche, plus l’œil s’éloigne du cœur solaire de la tapisserie, plus les couleurs foncent et la lumière s’évanouit progressivement pour disparaître dans les heures sombres de la guerre civile. Celle-ci marqua profondément l’enfant de San Cugat qui assista, stupéfait, à la retraite de l’armée républicaine. La dimension autobiographique de l’œuvre est inscrite dans le tissage même de la tapisserie qui combine les techniques et les effets de textures les plus variés, tout comme la vie engrange les expériences et les événements fondateurs.

Josep Grau-Garriga (1929 – 2011) est l'un des pionniers de l'art textile contemporain dans la péninsule ibérique. Figure emblématique de l'école catalane de tapisserie, il s'est construit une importante carrière internationale depuis les années 1970, avec des expositions personnelles aux États-Unis, en Australie et dans toute l'Europe. Au début des années 1990, il s'est installé à Angers, en France, au cœur du mouvement de l'art textile contemporain dans ce pays.